Cet article de blogue est le quatrième d’une série publiée par le Réseau juridique canadien VIH/sida avant l’élection du 19 octobre 2015.
Nous avons récemment envoyé aux cinq principaux partis fédéraux un questionnaire pour connaître leur position sur des questions clés liées au VIH et aux droits humains. Quatre partis sur cinq nous ont répondu. Nous partageons ici leurs réponses et nos commentaires. Voir www.aidslaw.ca/elections2015 pour en savoir plus.
8 octobre 2015
Le Canada a besoin d’une stratégie fédérale sur le VIH et le sida adéquatement financée, incluant des fonds pour des services et programmes de première ligne en matière de prévention, de soins, de traitements et de soutien pour les personnes vivant avec le VIH ainsi que leurs familles et communautés. Malgré la décision unanime, en 2003, de tous les partis représentés au Parlement de doubler le financement de la stratégie fédérale, le gouvernement a gelé le financement sous le niveau convenu en 2007 – ce qui signifie que plus de 100 millions $ promis à la réponse au VIH n’ont jamais été déboursés. Entre-temps, plus de 3 000 nouveaux cas de VIH sont diagnostiqués chaque année.
Des décennies de recherche et d’expérience ont démontré ce qui fonctionne, dans la réponse au VIH. Cela inclut l’expansion de l’accès aux traitements antirétroviraux et des programmes de prévention fondés sur des données probantes, de même que la protection et la promotion des droits humains des personnes vivant avec le VIH et des communautés particulièrement affectées, afin que ces programmes et services soient accessibles et efficaces. D’autres pays ont adopté de nouvelles stratégies et ont investi des fonds dans l’objectif mondial de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030. Or la stratégie du Canada en matière de VIH a maintenant dix ans, n’est pas éclairée par les plus récentes percées scientifiques et n’a jamais été financée adéquatement.
Nous avons demandé aux principaux partis politiques s’ils allaient collaborer avec les principaux organismes canadiens de lutte contre le VIH à envisager une nouvelle stratégie actualisée et entièrement financée afin de mettre fin au VIH et au sida au Canada et dans le monde.
Le Parti libéral, le NPD et le Parti vert s’engagent à collaborer avec des organismes de lutte contre le VIH et le sida à développer une stratégie fédérale actualisée :
- Le Parti libéral affirme que les membres de son équipe « sont déterminés à réduire les méfaits publics et à protéger la sécurité publique par le biais de politiques et de programmes formulés en consultation avec des experts et la société civile et comprenant un examen rigoureux des preuves et des faits à l’appui » et ajoute qu’il reconnaîtra les contributions d’organismes comme le Réseau juridique. Par ailleurs, il note que : « Les libéraux croient que le Canada a une responsabilité à la fois nationale et internationale pour combattre avec vigueur le VIH/sida. Il faut en faire davantage afin d’empêcher de nouvelles contaminations mondialement et chez les Canadiennes et Canadiens, de ralentir les progrès de la maladie, de préserver les droits de la personne et d’améliorer la qualité de vie des Canadiennes et Canadiens vivant avec le VIH/sida. »
- Le Nouveau Parti démocratique se dit « scandalisé » par les coupes financières de 2007 et par le fait que le financement crucial des programmes communautaires n’ait pas encore atteint la somme initialement prévue. Il ajoute : « L’heure est venue de revoir notre stratégie de financement et de services, tant au Canada qu’à l’étranger. Un gouvernement du NPD va collaborer avec les organismes de lutte au VIH/sida dans ce dossier crucial. »
- Le Parti vert affirme qu’il est « résolu à collaborer avec les organismes du VIH pour élaborer une stratégie financée par le gouvernement fédéral visant à éliminer le VIH/sida » et il note que sa cheffe a demandé une stratégie nationale sur le VIH/sida au Parlement. Il souligne que des milliers de Canadien-nes reçoivent encore un diagnostic de VIH chaque année, et se dit particulièrement préoccupé que les personnes autochtones soient 3,5 fois plus susceptibles de contracter le VIH que le reste de la population. Le parti a inclus dans sa réponse une liste de domaines d’action clés, notamment : réduire la stigmatisation associée au VIH; consacrer des ressources accrues à la thérapie antirétrovirale pour les utilisateurs de drogues séropositifs au VIH; et accroître les fonds alloués aux efforts de réduction des méfaits, de prévention et d’éducation.
- Le Bloc Québécois n’a abordé que l’enjeu du financement (et non la nécessité d’une nouvelle stratégie fédérale), en faisant valoir que le gouvernement fédéral prive les provinces d’un financement adéquat : « [L]e Bloc Québécois juge que seule la correction complète du déséquilibre fiscal qui sévit au Canada et qui prive le Québec et les provinces des revenus nécessaires pour remplir leurs responsabilités en santé et pour les services sociaux, permettra au Québec et aux provinces de développer davantage les services à leur population dans leurs champs de compétences exclusifs, […] et de s’assurer [que] leurs citoyennes et citoyens reçoivent les soins adéquats en temps opportun. »
Le Parti conservateur du Canada n’a pas répondu à notre questionnaire.
Pour plus d’information :
- L’article de blogue des Partenaires nationaux sur la nécessité d’une stratégie nationale coordonnée, publié dans le Huffington Post