21 juin 2017
En cette Journée nationale des Autochtones, nous reconnaissons non seulement les cultures et contributions des personnes des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada, mais également la résilience et la force de ces communautés. Plusieurs personnes autochtones doivent composer avec des circonstances de vie traumatisantes, notamment des expériences liées aux systèmes des pensionnats et de protection de l’enfance du Canada, les héritages du colonialisme et du racisme, et des traumatismes d’enfance. Malgré l’existence de services et de soutiens financés par le gouvernement, il persiste dans plusieurs communautés autochtones un manque de programmes et de services culturellement pertinents, particulièrement en ce qui a trait aux traitements, aux soins et au soutien pour le VIH.
Pour les personnes autochtones vivant avec le VIH, l’accès limité à des soins de santé culturellement pertinents, le peu de garanties de confidentialité liée au diagnostic ainsi que des expériences de stigmatisation et de discrimination ne sont que quelques-uns des obstacles à des services efficaces de traitement, de soins et de soutien en matière de VIH. Les communautés canadiennes n’ont pas toutes un accès égal aux traitements et aux soins pour le VIH; un accès irrégulier au traitement du VIH signifie qu’il peut être difficile d’atteindre une charge virale « indétectable » – l’une des façons par lesquelles les personnes vivant avec le VIH peuvent réduire leur risque de poursuites. La menace constante d’accusations criminelles pour non-divulgation est une préoccupation qui concerne toutes les personnes vivant avec le VIH.
De fait, les personnes autochtones sont plus susceptibles que les non autochtones d’être accusées de crimes liés à la non-divulgation du VIH. Même si elles ne forment que quatre pour cent de la population canadienne, les personnes autochtones représentent six pour cent des personnes accusées de non-divulgation du VIH depuis 1989. Parmi les femmes accusées entre 1989 et 2016 et d’origine ethnique connue, 42 pour cent étaient des Autochtones. Ce recours disproportionné au droit criminel à l’encontre des femmes autochtones est particulièrement troublant compte tenu du lien entre la violence sexospécifique et le VIH. Les femmes autochtones ont des taux accrus de violence, et plusieurs ne se sentent pas en sécurité de divulguer leur statut VIH par peur de violence de la part d’un partenaire intime.
Le droit criminel ciblant la non-divulgation du VIH, tel qu’il est appliqué aux personnes autochtones vivant avec le VIH, est contraire aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada qui mettent en relief la nécessité de réaliser le droit à la santé des personnes autochtones (recommandation #18) et l’importance d’éliminer leur surreprésentation dans le système de justice criminelle (recommandation #30). Pour respecter les droits humains des personnes autochtones et réaliser les appels à l’action de la Commission, le Canada doit réformer l’utilisation excessivement large et injuste du droit criminel dans les cas de non-divulgation du VIH et mener des consultations significatives auprès des personnes autochtones vivant avec le VIH dans le cadre de la réforme du droit.
Cette Journée nationale des Autochtones nous rappelle le travail à faire pour respecter, protéger et réaliser les droits humains des personnes autochtones d’une manière qui soit culturellement pertinente et en partenariat avec des communautés, organismes et individus autochtones. Nous sommes inspirés par le leadership de nos collègues autochtones et par la démonstration de solidarité et d’habilitation au sein des communautés autochtones, en particulier pour défendre les droits humains des personnes vivant avec le VIH. Le Réseau juridique continue de lutter contre les lois injustes, la stigmatisation et la discrimination afin de protéger la santé et les droits humains des personnes autochtones vivant avec le VIH.
P.S. Le Réseau juridique en partenariat avec le Réseau canadien autochtone du sida a récemment publié une série de ressources d’information juridique pour les communautés autochtones vivant avec le VIH ou affectées par lui. Ces publications sont disponibles en français et en anglais :
Les communautés autochtones et la divulgation du VIH aux partenaires sexuels : questions et réponses
Cette brochure pour les communautés autochtones offre de l’information importante au sujet du droit en lien avec la divulgation du VIH au Canada.
Un guide pour les communautés autochtones qui fournit des informations sur les services de réduction des méfaits comme les programmes de seringues, les services de consommation plus sécuritaire, la thérapie de substitution aux opioïdes (p. ex., la méthadone) et la naloxone.
Les communautés autochtones, le VIH et le VHC dans les prisons fédérales : questions et réponses
Un livret de questions et réponses destiné aux détenus qui s’identifient comme appartenant aux communautés des Premières Nations ou comme Inuits et Métis, et qui sont incarcérés dans une prison fédérale ou un pavillon de ressourcement géré par le Service correctionnel du Canada (SCC).
Communautés autochtones : VIH, vie privée et confidentialité
Un guide qui offre des réponses à des questions courantes sur le dévoilement, la vie privée et la confidentialité dans le système de soins de santé, le milieu de travail, les établissements postsecondaires et d’autres lieux en lien avec lesquels plusieurs personnes autochtones vivant avec le VIH ont signalé des préoccupations liées à leur vie privée.