7 mai 2015
Le 30 avril, le Réseau juridique canadien VIH/sida a coparrainé cet événement connexe au Congrès annuel canadien de recherche sur le VIH/sida (ACRV 2015), en collaboration avec le Réseau canadien autochtone du sida (RCAS), le Native Youth Sexual Health Network, le Réseau d’action et de soutien pour les prisonniers et prisonnières vivant avec le sida (PASAN) et le Département de criminologie de l’Université Ryerson.
Il y a une urgence de santé publique dans le système des prisons fédérales canadiennes. En prison, les taux déclarés de prévalence du VIH et de l’hépatite C (VHC) sont considérablement supérieurs à ceux de la population générale. Pourquoi en est-il ainsi?
Un facteur important qui contribue à cette situation est le partage de matériel pour l’injection de drogues puisqu’on ne fournit toujours pas de seringues stériles aux détenus qui en ont besoin. Des communautés spécifiques, en particulier les personnes indigènes qui vivent avec les effets continus du colonialisme, et qui sont incarcérées en nombres disproportionnés, au Canada, sont particulièrement affectées par ce problème pressant de santé publique et de droits humains. Dans d’autres pays, des programmes de seringues en prison (PSP) ont été jusqu’ici efficaces pour répondre aux conséquences de santé publique néfastes associées à la consommation de drogues par injection en prisons, alors pourquoi le Canada persiste-t-il à négliger une population qui est déjà vulnérable – en lui refusant l’accès à des services de réduction des méfaits?
Les objectifs de cet événement connexe à l’ACRV étaient de partager des données fondées sur la pratique, quant à la situation actuelle des prisons fédérales ainsi que des données internationales sur l’efficacité démontrée des PSP; et d’obtenir du feed-back concernant une déclaration dont les dépositaires d’enjeux seront invités à se faire cosignataires et qui servira d’outil de plaidoyer pour mobiliser un appui élargi pour l’instauration de PSP au Canada.
Les panélistes de cet événement, Stéphanie Claivaz-Loranger, analyste principale des politiques au Réseau juridique, et Seth Clarke, coordonnateur du développement communautaire fédéral chez PASAN, ont présenté en détail la situation de la santé des détenus dans les établissements correctionnels fédéraux, et signalé de nouveau l’urgente nécessité de mettre en œuvre des PSP. Leur argumentaire pour répondre à cette urgence de santé publique était appuyé par la présentation de données internationales et des expériences de pays qui ont mis en œuvre des PSP, au cours des deux dernières décennies, de même que des recherches et efforts de plaidoyer de longue date pour que de tels programmes soient mis en œuvre au Canada.
La déclaration de plaidoyer à signataires multiples sera finalisée sous peu et disséminée à l’échelle du pays afin de recruter l’appui d’organismes signataires, à cet appel au Service correctionnel du Canada pour la mise en œuvre immédiate de PSP dans les établissements fédéraux, tout en soulignant que cette mise en œuvre doit se faire en consultation significative avec des détenus actuels et d’ex-détenus, de même que des experts des domaines de la santé, de la réduction des méfaits et des droits humains, sous une supervision extérieure, indépendante et continue.
Les organismes qui souhaitent plus d’information sur la nécessité de PSP au Canada et/ou désirent signer la déclaration collective sont invités à communiquer avec
Stéphanie Claivaz-Loranger ou Sandra Chu, à info@aidslaw.ca. Vous pouvez consulter www.urgencesanteprison.ca, pour une mise en contexte plus complète et des mises à jour. Sur ce même site Internet, vous trouverez également des informations sur notre action judiciaire transformatrice et à suivre : en septembre 2012, un ex-détenu, des partenaires de la communauté et le Réseau juridique ont intenté une poursuite contre le Gouvernement du Canada pour son échec à protéger le droit des détenus à la santé, et à prévenir la transmission du VIH et du VHC dans les prisons fédérales canadiennes.